- Accueil
- Actualités
- Un brevet de l’ONERA à l’origine d’une start-up
Un brevet de l’ONERA à l’origine d’une start-up
A partir d'un brevet sur le contrôle optique déposé en 1999 par l'équipe de Jérôme Primot, Phasics développe et commercialise des analyseurs de front d'ondes basés sur l'interférométrie à décalage multilatéral.
Au sein du Département d’Optique Théorique et Appliquée (DOTA), l’unité Conception d’Instruments Optiques (CIO) que dirige Jérôme Primot regroupe plus d’une vingtaine de personnes dont sept thésards. La détection infrarouge et les systèmes d’armes constituent le cœur de métier de cette équipe qui dépose de un à deux brevets chaque année. L’un de ces brevets, concernant l’interférométrie à décalage multilatéral, une technique développée par Jérôme Primot, a conduit à la création en 2003 de l’entreprise Phasics dont les produits équipent aujourd’hui quelques-uns des plus grands laboratoires internationaux.
Le SID4, analyseur de surface d’onde de très haute résolution, développé par Phasics (www.phasics.fr) sous licence ONERA pour les besoins des laboratoires et des industriels. Les domaines couverts sont le contrôle des optiques, la mise en forme des faisceaux lasers, en particulier pour les lasers intenses, l’ophtalmologie ou l’inspection industrielle.
" Nous sommes parmi ceux qui déposons le plus grand nombre de brevets à l’ONERA ", tient à rappeler d’emblée Jérôme Primot. Cet ingénieur de recherche peut en être d’autant plus fier que les brevets déposés jusqu’à présent par son équipe, avec le soutien d’Hervé Lachaud, ne reflètent aucunement l’idée trop souvent répandue que ce document doit être obligatoirement d’une lecture difficile, accessible aux seuls spécialistes. " C’est une expérience très enrichissante pour un doctorant car l’exigence que nécessite l’écriture d’un brevet lui permettra ensuite de rédiger plus facilement sa thèse. C’est pourquoi nos brevets sont très illustratifs. Il suffit de les lire, un crayon en main, pour voir les systèmes émerger progressivement sur la feuille. Par ailleurs, le raisonnement qu’implique leur rédaction permet de trouver d’autres idées", explique-t-il. Le niveau des brevets français est très exigeant. C’est du moins ce qu’estime ce chercheur qui indique par ailleurs qu’il ne suffit pas de déposer des brevets mais qu’il faut encore les valoriser, une étape pour laquelle l'ONERA est en train de s'organiser et de se doter de nouveaux moyens.
D’un brevet à l’éclosion d’une entreprise
C’est à partir d’un brevet sur le contrôle optique déposé en 1999 par cette équipe de Palaiseau qu’a été créée Phasics, une entreprise qui compte aujourd’hui sept personnes. Dirigée par Marie Begoña Lebrun, cette petite structure, installée dans l’incubateur de l’Ecole Polytechnique, développe et commercialise des analyseurs de front d’ondes basés sur l’interférométrie à décalage multilatéral, une technologie inventée par Jérôme Primot au début des années 90. Celui-ci souhaitait alors augmenter la résolution spatiale des analyseurs de front d’onde de type " Shack-Hartmann " utilisés dans le cadre d’expériences de métrologie infrarouge. Rappelons que cet instrument, qui porte le nom de deux scientifiques, M. Hartmannn l’astrophysicien allemand qui en conçu une première mouture en 1880, et M. Shack l’opticien américain qui le perfectionna en 1970, permet de mesurer la déformation du front d’onde, ou phase, d’un faisceau optique.
En 1995, Jean-Christophe Chanteloup, doctorant au Laboratoire pour l’Utilisation des Lasers Intenses (LULI) de l’Ecole Polytechnique, qui travaille sur la mise en forme de faisceaux lasers intenses, recherche des moyens de correction et de mesure de la surface d’onde. L’interféromètre à décalage trilatéral développé par Jérôme Primot semble très prometteur. Aussi le chercheur de l’ONERA confie un réseau à ce doctorant qui réalise rapidement, avec l’aide de Ludovic Sogno pour la partie traitement numérique, un dispositif intégré sur la chaîne 100-Terawatt du LULI. " Les résultats obtenus sont spectaculaires et connaissent un grand retentissement d’où l’installation de cette technologie au Center for Ultrafast Optical Science (CUOS) de l’Université du Michigan ", rappelle Jérôme Primot. Par la suite, Benoît Wattelier, également doctorant au LULI et co-fondateur de Phasics, va poursuivre ce travail. Pour répondre à sa demande, Jérôme Primot et Nicolas Guérineau, ingénieur de recherche de l’unité CIO, proposent une ultime évolution du principe de mesure qui aboutit à la conception de l’interféromètre à décalage quadrilatéral. Reste alors à industrialiser cette technologie pour laquelle il existe un marché important, ce que va faire Mathieu Cohen, autre fondateur de Phasics. " C’est la politique de valorisation d’Arnold Migus, l’actuel directeur général du CNRS alors directeur du LULI, qui a permis l’éclosion de l’entreprise ", tient à souligner la directrice générale de Phasics.
Un exemple à suivre
Aujourd’hui, Phasics propose deux gammes de produits sur le marché : des analyseurs de front d’onde baptisés SID4 et SID4-HR, et des boucles d’optique adaptative OASys. Cette jeune entreprise qui, au passage, a glané quelques prix (prix stratégie à l’export des Trophées à l’International et prix de l’entreprise performante des Espoirs de l’Economie), compte parmi ses clients plusieurs références prestigieuses comme le Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) en Californie, le Laboratory for Laser Energetics (LLE) de l’Université de Rochester ou encore le Rutherford Appleton Laboratory en Angleterre. " Les performances de nos analyseurs de front d’onde permettent de les positionner entre le Shack-Hartmannn et les interféromètres classiques, mais également d’ouvrir des portes à de nouvelles applications. Jusqu’à présent, la clientèle ciblée était essentiellement scientifique. Nos premiers produits répondent parfaitement aux besoins de cette niche. Mais nous avons aussi commencé à sensibiliser le monde industriel ", précise Marie Begoña Lebrun. Pendant ce temps, l’équipe de Jérôme Primot poursuit ses développements avec sans doute à la clef de nouveaux dépôts de brevets qui pourraient susciter d’autres vocations parmi les doctorants de l’unité ou, pourquoi pas, la conquête de nouveaux marchés pour Phasics.
Contact : www.phasics.fr