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Micro-turbines, maxi-difficultés
Les futurs drones miniatures devront être alimentés par des sources d’énergie miniatures. Les plus adaptées semblent être les microturbines. Mais concevoir des turbines de quelques centimètres cube relève de la gageure. Modification des écoulements, conception de nouvelles géométries, microfabrication et études thermiques sont au programme des chercheurs.
Numéro 29
Cette chambre de combustion ne mesure que 20 mm de diamètre et 2,7 mm d'épaisseur. Alimentée par un mélange hydrogène-air, elle produit une puissance jusqu'à 1200 W. |
Imaginez des drones de la taille d’un oiseau, capables de voler des heures, filmer des scènes et transmettre des informations. De nombreux ingénieurs s’attachent à concevoir de tels drones miniature (cf. Zomm in the lab n° 6 : "Le drone du futur copie la nature"), pour des applications civiles et militaires. Parmi les nombreuses difficultés, figure l’alimentation en énergie de ces engins, qui doit être à la fois puissante et extrêmement légère. Pour ces microdrones de 15 centimètres d’envergure et autant de long, pesant une centaine de grammes, les batteries sont trop lourdes et disposent de trop peu d’autonomie. Quant aux piles à combustible, elles n’existent pas encore dans la gamme de puissance recherchée. Restent les turbines à gaz, qui pourraient fournir dix fois plus d’énergie qu’une batterie à masse égale. |
Une turbine transforme l’énergie provenant du combustible en mouvements de rotation, soit pour alimenter directement une hélice, soit pour produire de l’électricité. " Notre objectif est de réaliser une micro-turbine à gaz, afin d’équiper les futurs micro-drones ", raconte Joël Guidez, Ces microturbines serviront à alimenter le moteur électrique actionnant les ailes du drone, mais aussi tous les équipements électriques, comme des capteurs, voire une petite caméra.
Cependant, ces structures microscopiques ne peuvent pas être trop complexes, sous peine de ne pas pouvoir les fabriquer. La première chambre construite avait une géométrie assez simple : c’était un cylindre de 20 millimètres de diamètre et 2,7 mm de hauteur, comportant un tube en son centre sur lequel le gaz rebondit. Il est ainsi envoyé en périphérie de la chambre, où il se mélange avec les gaz présents. Cette chambre sert surtout à tester les méthodes de fabrication et de mesure du laboratoire de l’Onera. La fabrication d’une deuxième chambre plus complexe et plus performante est en cours.
Concernant le combustible, les expérimentations actuelles s'effectuent avec l’hydrogène pour plusieurs raisons. Comme il est très léger, il diffuse très bien. Par ailleurs, son temps de réaction chimique (le temps nécessaire pour que la réaction chimique de combustion ait lieu) est de 50 microsecondes, dix fois plus court que celui des hydrocarbures habituellement utilisés. Or, dans une microchambre de combustion, le temps que mettent les gaz à traverser la chambre de combustion est très bref. Et plus on diminue les dimensions de la chambre, plus ce temps de séjour diminue. Mais il doit rester deux à cinq fois supérieur au temps de réaction chimique, sans quoi la combustion sera mauvaise. En revanche, un hydrocarbure est plus simple à stocker que l'hydrogène. De prochaines études auront donc pour objet la stabilité de combustion d'hydrocarbure dans ces toutes petites chambres
Enfin, n’oublions pas le reste de la turbine à gaz, notamment les pièces tournantes. Les aubes des turbines peuvent être amenées à tourner à très grande vitesse, jusqu’à un million de tours par minute. Fabriquer des aubes de turbine de 8 millimètres s’avère complexe. La gravure sur silicium peut être une solution, à moins que les techniques de micro-usinage ne soient privilégiées. " Cette fabrication demandera de toute façon des technologies spécifiques ", observe Joël Guidez. Mais la question cruciale est celle des paliers et des butées, qui servent à tenir l’arbre des turbines. Dans les turbines habituelles, ce sont des roulements à billes qui jouent ce rôle. Ici, ce seront des paliers hydrodynamiques : les écoulements de gaz sustentent les parties tournantes sans qu’elles touchent les parties fixes.
Cécile Michaut, journaliste scientifique. |