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L'ONERA et le CNRS renforcent leur collaboration pour une recherche aérospatiale de pointe
Dans une industrie aérospatiale en mouvement, l'ONERA et le CNRS renouvellent le 21 juillet leur accord-cadre. Retour sur les enjeux de ce partenariat clé allant de l’avion à hydrogène, à la propulsion ionique des satellites, jusqu’à la défense des systèmes de communication.
Le CNRS et l'ONERA annoncent un renouvellement de leur collaboration, une décision qui renforce une relation fructueuse existant depuis de nombreuses années.
Cette nouvelle étape dans leur partenariat promet de renforcer la recherche aérospatiale et de stimuler les découvertes dans des domaines scientifiques fondamentaux de l’aéronautique, l’espace et la défense.
Les deux organismes signent ce 21 juillet le renouvellement d’un accord-cadre au CNRS en présence d’Antoine Petit, président directeur général du CNRS et Bruno Sainjon, président-directeur général de l'ONERA.
Succès communs et collaborations concrètes
Cet accord entre l'ONERA - acteur central de la recherche aéronautique et aérospatiale en France sous la tutelle du ministère des Armées (voir encadré) - et le CNRS représente une véritable synergie. Riad Haidar, directeur scientifique général de l'ONERA, met en exergue cette interaction bénéfique : « Il serait long de faire une liste exhaustive de nos actions et succès communs de ces dernières années. Disons simplement que nous avons signé ensemble, ces 10 dernières années, un certain nombre de réalisations scientifiques et techniques au profit des secteurs de la défense, de l’aéronautique et de l’espace comme, notamment, des systèmes d’optique adaptative pour l'astronomie, des microstructures pour le secteur aérospatial, des systèmes lasers et lidars pour la spectroscopie et l’étude de l’atmosphère, des concepts en nanophotonique pour l’opto-électronique dédiée au secteur de la défense… ».
Banc cryogénique de caractérisation éléctro-optique de nano-objets, centre ONERA de Palaiseau
Annick Loiseau, chercheuse au département matériaux de l’ONERA et médaille d’argent du CNRS
La collaboration entre l'ONERA et le CNRS se manifeste concrètement sur le terrain, où les chercheurs et ingénieurs-chercheurs des deux établissements travaillent côte à côte sur des projets conjoints au sein notamment de deux unités mixtes de recherche et de cinq fédérations de recherche . Par exemple, le Laboratoire d'Étude des Microstructures (LEM) créé en 1998, une unité située sur le plateau de Saclay, a été le lieu de travaux innovants notamment dans le domaine des matériaux avancés, comme le graphène. En effet, les travaux de la chercheuse Annick Loiseau, médaille d’argent du CNRS, sur le sujet en sont un exemple marquant. Cette recherche, rendue possible grâce à la collaboration entre l'ONERA et le CNRS, a mené à des « résultats spectaculaires », selon Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS.
Et les collaborations de recherche s'étendent dans divers domaines, notamment la modélisation physique, la mécanique des fluides, ou encore l’intelligence artificielle. Des sujets qui pourront bénéficier de la combinaison des compétences de l'ONERA et du CNRS.
« Ce n'est pas seulement un partenariat autour des structures, affirme Alain Schuhl. Nous avons deux unités mixtes et beaucoup de thèses et fédérations de recherche communes. L’accord-cadre est une occasion de fixer les grands principes de notre collaboration, d'élargir notre volet international et d'établir de nouvelles lignes de recherche prometteuses. »
Ingénierie en tandem : de l’aérodynamique du vol à la propulsion ionique
Vue intérieure du caisson de simulation
d'ambiance spatiale B63 de l'ONERA,
prise au cours d'un essai d'endurance
de propulseurs ioniques
Lionel Buchaillot, directeur de l'Institut des sciences de l’ingénierie et des systèmes (INSIS) au CNRS, souligne le rôle essentiel de cette collaboration notamment dans le cadre du Laboratoire de Mécanique des Fluides de Lille, Kampé de Fériet . Ce laboratoire créé en 2020, fort de 4 chercheuses et chercheurs CNRS et de leurs 16 collègues ONERA, a pu bénéficier des ressources du centre d’essai ONERA de Lille et notamment de sa plateforme de souffleries pour mener à bien des travaux de pointe sur l'aérodynamique et la mécanique du vol.
L'INSIS a d'ailleurs mis en œuvre de nombreux projets en collaboration avec l'ONERA au sein d’une vingtaine de laboratoires, couvrant des domaines tels que l'aéroacoustique, l’aérodynamique du vol et la propulsion ionique. « Nous menons également beaucoup de recherches sur le spatial avec des partenaires communs tels que le CNES sur des thématiques comme la propulsion ionique des satellites, sujet qui intéresse beaucoup l’ONERA. La Défense est également un domaine majeur avec beaucoup de collaborations sur les systèmes de télécommunication. »
« C'est une collaboration gagnant-gagnant, insiste Alain Schuhl. Nous offrons à l'ONERA une approche plus fondamentale sur des problématiques qui les concernent, et en retour, ils nous donnent accès à des questions que nous n'aurions peut-être pas envisagées. »
Des avions à hydrogène en ligne de mire
Configuration de recherche GULLHYVER, fonctionnant
à l’hydrogène présenté par l’ONERA au salon du Bourget 2023
Dans le contexte du changement climatique et de la nécessité de solutions énergétiques durables, la propulsion à l'hydrogène est un domaine prometteur qui a été identifié comme un axe de recherche majeur. Cette technologie, encore à ses débuts, pourrait transformer l'industrie aérospatiale et contribuer à une mobilité plus durable. « Nos scientifiques sont très impliqués dans la décarbonation de l'aviation civile, au profit de la Direction générale de l’aviation civile, de projets européens ainsi que de nos partenaires industriels », souligne Riad Haidar. Autre défi, la Défense : dissuasion, avions de combats, missiles, vecteurs hypervéloces ou furtifs, mais aussi détection de ces menaces feront partie des défis à aborder. Enfin, le spatial ne sera pas en reste qu'il s'agisse du civil avec la préparation de nouveaux lanceurs et du militaire.
C'est cette volonté commune d'innovation et de progrès scientifique qui nourrit la vision partagée par l'ONERA et le CNRS. Avec le renouvellement de cet accord-cadre, les deux organismes redéfinissent ensemble leur ambition pour l'avenir : pousser plus loin la connaissance, relever les défis technologiques du futur, et contribuer à la formation à et par la recherche de la nouvelle génération de chercheurs et d'ingénieurs.
« Alors que le secteur aérospatial français, européen et mondial connait une période de bouleversements et de profonde remise en question, le rôle de la recherche finalisée n’a jamais été aussi crucial », souligne Riad Haidar. Pour lui, il faut éclairer le futur en identifiant les ruptures technologiques ou scientifiques prometteuses. « Il nous faut comprendre les enjeux futurs, pour anticiper l’avenir et offrir des perspectives ambitieuses. Pour que nos industriels demeurent au meilleur niveau mondial et que notre défense ait toujours un temps d’avance et repose sur des moyens crédibles et performants ». En somme, avec cette nouvelle étape de leur collaboration, l'ONERA et le CNRS ouvrent une nouvelle page de la recherche aérospatiale en France.